FIN DE L’EXPOSITION : QUAND VIENT L’HEURE OÙ IL TOMBE – Sarah Pietra A. Minutillo Suites Impériales second cycle SI 17

Inner Space + Galerie Rature

Description

QUAND VIENT L’HEURE OU IL TOMBE
Sarah Pietra A. Minutillo

Suites Impériale second cycle

SI 17

CURATION: INNER SPACE

PRODUCTION: Youpie Quand Même asbl

La source iconographique des œuvres de Sarah Minutillo se nourrit d’un répertoire de documents photographiques varié qu’elle sélectionne au sein de différents univers privés ou publics. Diplômée des Beaux-Arts de Liège en 2018, elle réinterprète les images, en décompose les éléments qui participent à leur réalité et reproduit un visage, une posture ou une texture, qu’elle choisit pour leur portée plastique, sémantique ou esthétique. L’ambivalente capacité du « beau » et de la représentation à évoquer la mort, la violence ou le non-dit l’interpelle : « J’utilise l’image comme résistance psychique face au terrible […] un mot qui porte sur la douleur, sur l’indicible. »

Exhumées du passé, évoquant un instant déjà tombé dans l’oubli, Sarah Minutillo donne aux images une deuxième vie. Par un geste technique et minutieux de la main, elle nous transmet le sujet ‘digéré’ de son étude, en exacerbant le réalisme de certains détails ou, au contraire, en dissipant le sujet parfois jusqu’à l’effacement. Les figures capturées par l’artiste apparaissent comme des allégories troublantes, où s’enchevêtrent des sentiments familiers et extraordinaires, rassurants et inquiétants à la fois. Dans une palette réduite, les œuvres à la facture hyperréaliste, portent des titres descriptifs ne cherchant pas à construire de nouveaux récits. Sur un fond neutre, les figures s’émancipent de leur contexte, elles redeviennent image formant une constellation de moments assemblés, une totalité plutôt qu’un ensemble de fragments, englobant simultanément différentes temporalités. L’œuvre nous plonge au cœur d’une expérimentation sensible interrogeant autant la portée sémantique et l’impact des images qui nous entourent que notre capacité à exprimer la fragilité de l’existence humaine.

Sophie Delhasse, Juin 2022

Suites Impériales

SUITES IMPERIALES SECONDE CYCLE

Archéologie du latent, topographie du non-dit comme acte de survie

Septembre 2025/Octobre 2026

AURELIE BAY – SI16 –
4 au 27 Septembre 2025 curation :INNER SPACE

SARAH PIETRA A. MINUTILLO – SI17 –
9 octobre – 02 novembre 2025 – curation : INNER SPACE

SOPHIE RAHIR – SI18 –
06 – 30 novembre 2026 curation : INNER SPACE

RAPHAËL MENG WU – SI19 –
08 – 01 février 2026 curation : INNER SPACE

NAOMI RAMI – SI20
12 février – 08 mars 2026 curation : INNER SPACE

HANS DEFER – SI21
16 avril – 10 mai 2026 curation : INNER SPACE

STEVEN HAUTEMANIÈR – SI22
10 septembre – 04 ocotbre 2026 curation :INNER SPACE

CAMILLE FELDMANE – SI23
15 octobre – 08 novembre 2026 curation :INNER SPACE

Suites impériales second cycle
Archéologie du latent, Topographie du non-dit un acte de survie…

Créer, c’est souvent creuser. Non pas pour atteindre une vérité fixe, mais pour sonder les strates mouvantes de ce qui échappe. L’artiste, figure à la fois surexposée et marginale, n’est pas en dehors du monde : il en est un produit, un reflet, parfois un symptôme. Il est traversé par les tensions d’une époque, d’un système, d’un corps social qui l’aliène tout en le désignant comme à part.
Dans cette aliénation – sociale, économique, psychique – l’artiste se cherche. L’introspection devient alors plus qu’un simple repli intérieur : c’est un acte de survie, une tentative de reprendre possession de soi à travers les formes. Mais ce « soi » est déjà fragmenté, saturé, traversé par des voix qui ne sont pas les siennes. Il s’agit donc moins de se retrouver que de fouiller dans ce qui a été enfoui, nié, dissimulé ou dissous.

C’est ici que commence l’archéologie du latent : un travail lent, profond, presque clandestin. Chaque œuvre devient un geste de fouille dans les couches invisibles du vécu, de la mémoire, du trauma, du langage dérobé. Il ne s’agit pas de représenter ce qui est là, mais de faire affleurer ce qui n’ose pas, ou ne peut pas, se dire. L’œuvre devient trace, fragment, soupçon.
En parallèle, l’artiste cartographie ses propres silences. Dans cette topographie du non-dit, chaque choix formel, chaque tension entre le brut et le subtil, le figuratif et l’abstrait, participe à l’élaboration d’un territoire ambigu : celui de l’indicible. L’art y révèle à la fois ce qui nous constitue et ce qui nous manque. Ce qui a été perdu, refoulé, ou jamais possédé.

Ainsi, l’artiste travaille dans un entre-deux : ni tout à fait libre, ni totalement captif. Son introspection est toujours traversée par les lignes de force du monde. Elle est prise dans une aliénation qui le dépasse, mais à laquelle il résiste – non pas en proclamant, mais en creusant. En exposant l’écart entre ce qu’il ressent et ce qu’il peut dire. Entre ce qu’il voudrait être et ce que le monde fait de lui.
L’œuvre devient alors un lieu de tension, un espace habité par des voix contradictoires. Elle ne résout rien, ne guérit pas. Mais elle révèle. Elle expose les formes de l’aliénation à travers celles de l’introspection, et laisse apparaître, dans les failles, quelque chose comme une vérité à venir – fragile, incomplète, mais tenace.